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L'émergence du concept des services écosystémiques

L'approche des services écosystémiques a été popularisée par le "Millenium Ecosystem Assessment (MEA)" lancé en 2000 par l'UNEP et publié en 2005 pour tenter de répondre aux enjeux de développement et de lutte contre la pauvreté. L'objectif poursuivi par cette approche est de révéler les liens de dépendance entre développement humain et biosphère, et ce, afin qu'ils soient pris en compte dans les processus de prise de décision et d'assurer une gouvernance des écosystèmes à même d'assurer la continuité de leur importante (indispensable) contribution au bien-être humain. La dernière initiative mise en oeuvre est le lancement de la Plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), qui jouera un rôle analogue à celle du GIEC/IPCC sur le changement climatique.

Les premières prises de conscience

Cela fait longtemps que l'humanité est consciente des conséquences de son activité sur l'environnement. Déjà dans la Grèce antique, Platon décrivait la relation entre la disparition des forêts et la fréquence de sécheresses impactant la production agricole. A partir du Moyen-âge, des règlements ont parfois été mis en place pour assurer la gestion de biens communs comme le sol et les forêts.

Toutefois, le développement de la science permettant une maîtrise de plus en plus grande de l'environnement et l'émergence d'une économie de marché favorisant l'individu ont entraîné un usage de plus en plus intense et hors de contrôle des ressources naturelles.

Devant les problèmes de surexploitation des ressources naturelles, de l'augmentation de la fréquence de catastrophes naturelles et de leur impacts multiples sur la sécurité et la qualité de la vie de nombreuses populations, plusieurs initiatives internationales ont été lancées pour favoriser une prise de conscience et mettre en oeuvre des politiques plus équilibrées.

La mobilisation internationale

CBD_logo

La Convention de la Biodiversité (CBD)

Appelée aussi " Convention de Rio ", elle est entrée en vigueur le 29 décembre 1993.

Elle a 3 objectifs principaux :

  1. La conservation de la diversité biologique;
  2. L utilisation durable des composantes de la diversité biologique;
  3. Le partage juste et équitable des avantages provenant de l'utilisation de ressources génétiques.

Cette convention a été le catalyseur de la prise de conscience mondiale des nombreux enjeux économiques et sociaux liés à la biodiversité. Elle a débouché sur l'initiative du Coundown 2010 lancée en 2001 qui a démontré la difficulté d'atteindre l'objectif ambitieux de " réduction de l'érosion de la biodiversité pour 2010 " dans le Monde. C'est dans ce contexte qu'en 2010, les Parties à la Convention sur la diversité biologique ont adopté à Nagoya, au Japon, le Plan stratégique pour la biodiversité 2011-2020 qui définit 20 nouveaux objectifs appelés les Objectifs d'Aichi. Ceux-ci reprennent différents engagements qui concernent spécifiquement les services écosystémiques.

MEA_2005

Le Millenium Ecosystem Assessment (MEA)

L'approche des services écosystémiques a été popularisée par le "Millenium Ecosystem Assessment (MEA)" lancé en 2000 par l' UNEP et publié en 2005 dans le cadre des Objectifs du Millénaire (ONU) . Mobilisant plus d'un millier de chercheurs, les rapports publiés sont une évaluation scientifique :

  • de la condition et des tendances des écosystèmes dans le monde, révélant un état fortement dégradé des fonctions écologiques de base et du fonctionnement des écosystèmes;
  • de l'importance de leurs rôles pour la production de l'eau potable, de nourriture, de produits forestiers, ...; pour la protection contre les crues, la régulation du climat, ... ou pour les usages culturels et sociaux, ... et leur impact sur le bien-être humain et la stabilité des sociétés;
  • des possibilités de restaurer, de conserver ou d'améliorer l'utilisation durable des écosystèmes.

Ce projet fondateur a systématisé et standardisé l'approche des services écosystémiques, en les identifiant comme les bénéfices retirés des écosystèmes et en révélant leurs liens avec le bien-être humain.

TEEB_2010

The Economics of Ecosystems and Biodiversity (TEEB)

TEEB est une initiative internationale lancée en 2007 pour mettre en avant les bénéfices économiques de la biodiversité. Elle est à la base du développement d'une comptabilité de la valeur du patrimoine naturel .

Cette initiative veut attirer l'attention sur les avantages économiques de la biodiversité en prenant compte le coût croissant des pertes de biodiversité et la dégradation des écosystèmes. TEEB est destiné à aider les décideurs en révélant, démontrant et capturant les valeurs des services assurés par la biodiversité et les écosystèmes.

TEEB a notamment démontré le coût de l'inaction politique (COPI), c'est-à-dire les coûts croissants et capitalisés de ne pas agir de suite pour des mesures qu'on devra inévitablement mettre en oeuvre.

ipbes

Plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES)

Lancée par l'ONU en 2012, la plateforme IPBES a pour but de renforcer l'interface science-société en matière de la gestion de la biodiversité, la vulgarisation scientifique entre l'expertise scientifique et les gouvernements. Elle doit aussi renforcer les moyens des pays émergents et favoriser les accords multilatéraux prenant en compte la biodiversité.

C'est un peu le pendant du Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat (IPGIEC /IPCC). Ces deux structures seront d'ailleurs amenées à travailler conjointement, car il existe des liens structurels et fonctionnels entre biodiversité et climat, et changement climatique et puits de carbone.

L'IPBES vise à renforcer la capacité d'utilisation efficace de la science relative à la biodiversité et aux services écosystémiques dans la prise de décision à toutes échelles. Pour ce faire, elle entreprend de faire la revue, synthétiser et évaluer les informations et connaissances pertinentes, générées dans le monde entier sur les relations complexes entre biodiversité, services écosystémiques et êtres humains. Elle est composée entre autres d'un groupe d'experts chargé d'évaluer de manière transparente les informations et connaissances développées par les gouvernements, universités, organisations scientifiques, ONG et communautés autochtones.

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